Description
Le paysage culturel des Plantations à Parfums des Iles de la Lune est un paysage culturel évolutif vivant qui conserve un rôle social actif dans la société contemporaine, et qui demeure étroitement associé au mode de vie traditionnel des populations rurales comoriennes et dans lequel le processus évolutif continue. La culture de plantes à parfums est une caractéristique majeure de l'exploitation économique de l'archipel des Comores et en particulier d'Anjouan. Mise en place par les colons français, la production d'huiles essentielles et de produits odorants est une culture de rente qui a fortement marqué la structure agricole de l'île, s'inscrivant durablement dans son paysage. Cela concerne en particulier la culture de l'ylang-ylang, arbre dont le cycle de production est très long, qui a marqué le paysage d'Anjouan et lui a apporté un élément de caractérisation durable. Cette activité qui occupe beaucoup l'espace et ses ressources naturelles comprend des plantations d'arbres (ylang-ylang, girofle, bigarradier, bergamotiers, etc.) ou de plantes à parfum (citronnelle, jasmin, géranium, basilic, vanille, etc.), mais également les zones forestières nécessaires à la production du bois pour la distillation, les zones de distillation (alambic) et de stockage (magasin, maison du planteur). La zone de production de plantes à parfum occupe une surface importante de l'archipel et particulièrement de l'île d'Anjouan. Elle constitue toujours une activité essentielle pour une fraction importante de la population. Elle a contribué à la réputation de l'Archipel des Comores dans le monde et représente de ce fait une œuvre combinée de la nature (pentes, forêt, eau) et des hommes (modes de culture, essences introduites) résultant en un paysage culturel original de valeur exceptionnelle et universelle. La mise en place de ce paysage culturel et de son assise spatiale résulte, en grande partie, de l'histoire du groupe « Société Comores Bambao » dont les contours et l'étendue du domaine avaient pour limites, en 1907, l'extrémité sud-est de Jimlime et, comme ils englobaient les terrains de Gombeni, Bonali, Bambao, Dziani, Marahani, Bambao Mtruni, l'autre limite était la presqu'île de Nyumakele (voir carte en annexe). En plus du domaine de Bambao (6286 ha), la SCB poursuivit sa politique d'appropriations à Anjouan, avec la récupération des Domaines de Mpomoni (5043 ha) et de Patsy (2204 ha). Avant 1927, les surfaces des terres de la SAGC-SCB constituaient déjà plus du tiers de la superficie totale de l'archipel. Cette concentration de la SCB sur les îles ne se réalisa pas sans problèmes, notamment à Anjouan où il ne restait plus de terres agricoles disponibles pour les villageois. II est important de souligner l'importance que la France accordait au secteur agricole des huiles essentielles (ylang-ylang. jasmin, basilic, bigaradier...) destinées à la parfumerie de luxe. Il n'est pas exagéré de dire que l'Archipel des Comores, et particulièrement Anjouan, a aussi contribué à l'essor remarquable de l'industrie des parfums, en France. Ce pays, devenu premier producteur mondial de parfum en quantité et en qualité est resté, depuis l'introduction des plantes à parfum, le premier partenaire des planteurs installés aux Comores. On considérera que la limite des concessions coloniales mentionnées ci-dessus pourrait constituer les limites de la zone tampon du site. La zone centrale serait constituée par les parcelles les plus représentatives de ce paysage culturel.